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Portrait d'agriculteur : à la rencontre de Thomas Decrouy à la ferme de Chantraine

Chez Pouloulou, un de nos objectifs est de reconnecter les consommateurs à l'origine de leur alimentation et aux producteurs. Par ces newsletters, nous souhaitons aussi mettre en avant le formidable travail réalisé par les agriculteurs.
Alors aujourd'hui, nous vous présentons Thomas, un partenaire et ami chez qui Claire-Sophie de l’équipe Pouloulou a eu l'occasion de passer quelques jours.

Bienvenue à la ferme de Chantraine !

Thomas est agriculteur à la ferme de Chantraine dans les Ardennes. Installé à 40km de la frontière belge à Rocquigny, petite commune de 700 habitants qui compte probablement plus d'animaux que d'individus, Thomas a repris il y a cinq ans l'exploitation familiale qui se transmet dans la famille de génération en génération. Associé à son beau-frère, il peut aussi compter sur l'aide de ses parents dont la maison jouxte la ferme.

Les deux trentenaires élèvent des animaux en élevage biologique sur la belle exploitation de 35 hectares (note : la moyenne d'une exploitation en France est de 63 hectares - chiffre 2016, ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation). L'exploitation a été convertie en agriculture biologique en 1996, ce qui était assez précurseur à ce moment-là. En effet, selon l'Agence Bio, tandis que la part de l'agriculture biologique dans les surfaces agricoles utilisées était de 0,5% en 1995, elle était de 6,5% en 2017.

A la ferme de Chantraine on trouve donc de nombreux animaux :
- des vaches Highlands et un taureau, élevés pour leur viande et non leur lait. Bien différentes des vaches limousines, montbéliardes ou normandes dont on a souvent l’image en tête (nous ferons un jour une newsletter sur les différentes vaches !), les vaches Highlands sont une race d’origine écossaise et se caractérisent par leurs poils longs et leurs grandes cornes. Elles sont magnifiques !
- des agneaux et des brebis, également élevés pour leur viande et qui sont dans les pâturages avec les vaches à cette période de l'année
- des poules pondeuses, beaucoup de poules (il y en a 10 000 !), élevées donc exclusivement pour leurs œufs. Les poules bénéficient à la ferme de Chantraine d'un nouvel et bel espace arboré en extérieur. Il est assez rare de trouver dans les exploitations un espace de plein air pour les poules avec des arbres, et ceci est très apprécié des poules qui peuvent y trouver l'ombre des tilleuls.
- et quelques cochons

Les vaches Highlands de Thomas
Les agneaux et brebis de Thomas

Un peu plus loin sur la ferme se trouve un laboratoire qui permet de découper et préparer la viande une fois les animaux abattus (l’abattage se fait bien sûr dans des abattoirs qui ne sont pas sur la ferme). La ferme produit de la viande de bœuf, d'agneau, de porc et de la charcuterie, toujours en bio bien évidemment.

Une semaine à la ferme

A la ferme, on ne s'ennuie jamais. Une ferme avec des animaux requiert du travail 7 jours sur 7. Bien sûr, l’exploitation est gérée par une équipe : Thomas, son beau-frère Kevin, Rémi qui est ouvrier agricole, et les parents qui aident quand cela est nécessaire.
Du lundi au vendredi, l’équipe travaille à la ferme pour nourrir les animaux et s’occuper de ceux éventuellement blessés, gérer la logistique pour l’élevage (un exemple : pour les poules, un camion semi-remorque rempli d’aliments arrive toutes les trois semaines), faire d’éventuelles réparations ou améliorations du lieu et gérer l’entreprise.

Chaque matin, Thomas passe plus de deux heures dans le poulailler pour s’occuper des poules et ramasser les œufs. Bien sûr, une très grande partie du travail est automatisée. Une fois pondus dans les pondoirs, les œufs roulent sur une chaîne qui les rapatrie dans une salle annexe. Là, Thomas doit inspecter les œufs à l’œil et éliminer ceux qui seraient fêlés ou abîmés. Un ensemble de machines prend alors les œufs, et les dispose en plateaux de 30, qui sont ensuite empilés et stockés. Les œufs sont ensuite vendus et récupérés par une société de conditionnement, qui conditionne et opère les œufs pour une grande marque.

Le vendredi, Kevin passe la journée dans le laboratoire pour préparer la viande qui sera vendue sur les marchés. L’exploitation a en effet fait le choix depuis de très nombreuses années de vendre sa viande sans intermédiaire, du producteur au consommateur, sur les marchés parisiens. Chaque weekend, il faut alors parcourir plus de 400 kilomètres. Plus loin que des marchés à Charleville-Mézières ou Reims, ceux de Paris bénéficient d’une clientèle prête à payer une viande plus chère et de très bonne qualité. Les weekends sont éprouvants : il faut se lever à 3h30 le samedi matin pour être sur le marché de Boulogne-Billancourt dès 7h45, rester dormir à l’hôtel, et faire un deuxième marché à Sceaux le dimanche matin. Si rencontrer les clients est un aspect sympathique du travail, vendre sur les marchés implique de n'avoir que peu voire pas de temps perso le weekend.

Les développements à venir

La ferme est une entreprise qui requiert des investissements permanents, et implique un endettement en continu. Le modèle est très courant puisque 70% des fermes ont un endettement de plus de 50 000 €. (source)
 
Le dernier investissement conséquent de la Ferme de Chantraine est le poulailler bio, réalisé il y a 3 ans. L’investissement de plus de 100 000€ a pu être réalisé en partenariat avec la société de conditionnement. Celle-ci a financé en partie l’investissement. En échange, Thomas s’est engagé à lui vendre sa production pendant 12 ans à un prix fixé (qui est indexé sur le cours de l’aliment).

Thomas dispose d’une chaîne qui permet de disposer les œufs en plateau mais n’a pas pour le moment de centre de conditionnement qui permet de réaliser des analyses sur les œufs. Celui-ci est obligatoire pour vendre les œufs à des revendeurs. Thomas peut ainsi réaliser de la vente directe mais ne peut pas vendre ses œufs à des distributeurs sans passer par le centre de conditionnement. Pour être indépendant, la ferme envisage d’investir dans un centre de conditionnement dans les années à venir, lorsque le poulailler sera remboursé et que le contrat de 12 ans aura atteint son terme. L’indépendance permettra probablement à la ferme de dégager plus de revenus sur les œufs.

Thomas et sa famille ont également dans leurs projets l’accueil de particuliers pour des séjours à la ferme. La ferme, petit havre de paix avec de nombreux animaux, est idéalement située : en pleine campagne, elle se trouve à 20km de la gare TGV de Rethel, qui relie Paris en 1h20. La ferme envisage d’accueillir des familles ou des personnes qui cherchent à se reconnecter à la nature, participer aux travaux de la ferme, et apprendre plein de choses sur l’élevage. Ce projet implique la construction de logements. Cabanes rustiques aménagées dans la forêt ou bien logement ultra confort ? La question se pose et le projet est encore à l'étude.
Et en attendant de pouvoir venir séjourner à la ferme, vous pouvez retrouver Thomas et Kevin sur les marchés de la région parisienne :

  • Les samedis matin à Boulogne-Billancourt (104 Route de la Reine)
  • Les dimanches matin à Sceaux (66 rue Houdan)

Pour aller plus loin
Nous vous partageons des anecdotes amusantes. Nous parions que vous allez épater vos collègues et amis !

  • Les combinaisons une pièce portées dans les fermes s'appellent des cottes
  • Lorsque vous rentrez dans un poulailler, il y a tout un protocole à respecter pour éviter la transmission de maladies, en particulier la salmonelle qui est la bête noire des éleveur. Se laver les mains, changer de chaussures, mettre une cotte dédiée au poulailler, tout est fait pour éviter les risques de contamination qui peuvent avoir lieu d’une espèce à une autre. Ainsi, on évite de mettre les cochons proches des poules car ils peuvent être vecteurs de maladies.
  • Les brebis sont tondues une fois par an au printemps. Il faut 3 minutes à un professionnel pour tondre une brebis qui donne entre 2 et 5kg de laine ! La tonte n’est pas douloureuse pour l’animal et lui est même bénéfique car si la laine est protectrice en hiver, elle devient gênante et encombrante avec les beaux jours.

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