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Des fraises qui poussent dans des containers

Avez-vous déjà entendu parler de fraises qui poussent au cœur des villes dans des containers de métal fermés ? Cette situation ne sort pas tout droit d'un film de science-fiction puisque cela existe déjà à Paris ! C'est l'entreprise Agricool qui a initié cela en France.

Cela fait plusieurs mois que nous envisageons d'écrire un article sur le sujet, et il se trouve que nous avons rencontré Agricool au Salon de l'Agriculture il y a quelques semaines ! Alors, aujourd'hui, c'est de fraises qui poussent dans des containers que nous avons décidé de vous parler, avec les avantages de cette technique, mais aussi ses limites.

Comment obtenir des fraises dans des containers

C'est bien au milieu des villes, au pied des immeubles, que l'on peut trouver les fermes de la start-up Agricool. Ces fermes ne ressemblent pas vraiment aux fermes habituelles : hermétiques, sans fenêtres, ce sont d'anciens containers maritimes installés aujourd'hui à Paris et banlieue parisienne (Asnières, Courbevoie, La Courneuve). Si l'extérieur est surprenant, l'intérieur l'est encore davantage : sur les deux grands murs sont disposées les fraises de manière verticale, les racines à l'air. La technique ici utilisée est l'aéroponie : l'alimentation des plants ne se fait pas grâce à un système de goutte à goutte par la terre ou par un substrat, mais par un système de brumisation par lequel passent l'eau et les aliments.

L'objectif est de créer les conditions idéales pour que les fraises puissent pousser rapidement, nombreuses, et goûteuses. Dans les containers on trouve ainsi des petites ruches pour les pollinisateurs, des capteurs en tout genre permettant de contrôler les conditions, ou encore de la lumière rose qui éclaire les plants. En fait seules les couleurs du spectre de la lumière nécessaires aux fraises sont conservées : le bleu, le blanc et le rouge.

intérieur d'un container Agricool

(photo © Agricool)

Les avantages

Ce que propose Agricool a de quoi séduire :

  • Les produits sont locaux puisque les fraises sont vendues à moins de 15km de leur lieu de production. Agricool distribue ainsi ces produits dans une dizaine d'enseignes Monoprix, sur La Belle Vie (épicerie en ligne), et à La Grande Epicerie de Paris
  • Les fraises sont délicieuses (et nous les avons testées) ! C'est bluffant de retrouver un tel goût de fruit dans une grande ville si loin des champs... De plus, pas de pesticide ou OGM dans ces fraises (qui n'ont néanmoins pas le label bio puisque le label bio impose une culture en pleine terre)
  • Les rendements sont intéressants puisque les fraises sont cueillies  toute l'année tous les 2 à 3 mois

Les investisseurs ont eux aussi bien saisi que ceci pouvait être un business juteux (au mois autant que les fraises) puisqu'ils ont décidé d'investir en 2018 25 millions d'euros dans l'entreprise qui compte aujourd'hui 80 salariés.

Avec une telle vision de l'agriculture, on peut dire que c'est tout le temps la saison des fraises ! Et c'est là que se pose la question : bonne ou mauvaise nouvelle ?

Une voie d'avenir ?

Agricool fait beaucoup de choses pour soigner son empreinte écologique : packaging en amidon de maïs, énergie fournie par Enercoop (un fournisseur d'électricité verte), réutilisation de l'eau assez bluffante (en circuit fermé dans des containers, l'eau est réutilisée contrairement en cultures à ciel ouvert)...

Cependant, la neutralité carbone est encore lointaine.
Ainsi, les pieds viennent de Sologne et sont renouvelés à chaque récolte. Les fraises sont donc bien locales, mais on peut se demander s'il est réellement mieux d'importer des plants plutôt que d'importer des fraises. De plus, la technologie utilisée consomme une quantité phénoménale d'énergie. Nous sommes encore aux prémices d'une nouvelle forme d'agriculture, et on peut penser que ceci ira en s'améliorant, c'est d'ailleurs l'objectif de l'entreprise. Enfin, l'une des critiques les plus récurrentes porte sur le sens de cette agriculture, avec une démarche high-tech que certains accusent de trop s'éloigner de la terre.
A une époque où l'on constate une volonté des Français de revenir à des bons produits, de proximité, sains et naturels, nous avons le sentiment d'atteindre un petit paradoxe : l'agriculture telle qu'elle nous est proposée en containers permet-elle une reconnexion ou au contraire provoque-t-elle une déconnexion avec notre environnement ?
La question est posée et nous vous laissons vous faire votre avis avec ces premiers éléments de réponses. De notre côté, nous gardons un œil prudent, curieux et aussi admiratif sur la prouesse que réalise Agricool.

Pour aller plus loin

  • Pour aller plus loin sur l'agriculture urbaine, vous pouvez redécouvrir notre article dédié aux expérimentations menées par l'école AgroParisTech sur ses toits en plein coeur de la ville.
  • La consommation de fraises par habitant en France est de 3,7kg par an
  • Les petits grains observables à la surface de la fraise s'appellent les akènes (un mot à retenir pour les joueurs de scrabble)
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