Aujourd'hui, 77% de la population française vit en milieu urbain. Le processus d'urbanisation, qui avait été très fort au XXe siècle, est stoppé depuis 10 ans. Si on parle souvent d'un processus entraînant des ruraux vers la ville, certains urbains font aussi un choix à contre-courant et décident de (re)partir à la campagne.
Trop de bruit, de pollution, trop cher, trop peu d'espace, trop de gens... Bye bye Paris et les grandes villes ? Certains y songent, d'autres ont clairement passé le pas. C'est le cas d'Emilie et Frédéric, ex-parisiens, trentenaires et jeunes parents dont nous vous présentons le projet aujourd'hui !

Bienvenue à Lusignan-Petit. A 15mn d'Agen, ce petit village du Lot-et-Garonne compte 350 habitants, une mairie, une église, et une école qui accueille une vingtaine d'élèves du CE1 au CM2. C'est là qu'Emilie et Fred ont décidé de poser leurs valises.
Ils ont trente ans, une petite fille d'à peine un mois, et ont décidé de modifier radicalement leur mode de vie. A Paris, Frédéric était chef d'entreprise puis consultant. Il accompagnait ainsi des grands groupes dans leur stratégie d'innovation. Emilie quant à elle était salariée dans une association de solidarité.
Désormais loin des quartiers d'affaires de La Défense et du brouhaha parisien, ils changent de métier. La maison est leur principal patrimoine et ils y développent plusieurs activités :
- de l'hébergement et du tourisme : le Clos de Lusignan compte un gîte et plusieurs chambres d'hôtes. Les voyageurs pourront profiter de la piscine, du grand jardin et de cette magnifique région vallonnée. Le réaménagement de la grange permettra dans quelques années d'accueillir des formations à la permaculture.
- de l'accueil de séminaires d'entreprises. Emilie et Fredéric peuvent compter sur leurs années d'expériences dans l'accompagnement des grands groupes. Ils pourront aussi mettre à profit leur expérience dans l'univers associatif au sein desquels ils étaient formateurs de bénévoles. La proximité avec la gare TGV d'Agen est un véritable atout pour cette activité, permettant ainsi d'envisager l'accueil de groupes venant Toulouse, Bordeaux, et même Paris.
- de l'agriculture en biologique, donc sans produits chimiques. Emilie et Frédéric ont également pour objectif d'être le plus autonome possible sur l'exploitation, que ce soit pour la fertilité des sols ou pour l'exploitation animale (la production de la ferme permettant de nourrir les animaux par exemple). Ils cherchent à limiter au maximum leur empreinte écologique, utilisant peu d'engins agricoles par exemple.

Bien au-delà du développement d'une simple activité économique (certes capitale pour faire vivre la famille), la démarche d'Emilie et Frédéric s'inscrit dans une réflexion plus globale sur la société elle-même. Interpelés par le changement climatique et la nécessité de produire et consommer de manière plus durable, ils construisent un projet particulièrement respectueux de l'environnement.
Leurs motivations sont triples :
- parvenir à l'autoalimentation, et ainsi avoir la capacité de se nourrir sans faire appel à des ressources importées. Sans rentrer dans des scénarii catastrophiques, Emilie et Frédéric se disent marqués par les théories de la collapsologie qui étudient l'effondrement de la société industrielle (Ces théories, assez récentes, rencontrent de plus en plus d'échos dans la société quoique critiquées. Si vous souhaitez en savoir plus et vous faire votre propre opinion, nous vous recommandons cette vidéo du collapsologue Pablo Servigne).
- construire une famille. Comme nous l'indiquait Aurélie de Cooman, fondatrice du média Paris Je Te Quitte, le profil typique des parisiens s'installant en province ou à la campagne est le couple trentenaire, jeunes parents ou prochainement parents. Emilie et Frédéric tiennent à ce que leur fille et leurs futurs enfants puissent grandir dans un milieu non pollué, entouré de nature et d'espace (et loin de leur 40m2 parisien).
- partager des expériences avec les différents visiteurs, qu'il s'agisse des entreprises en séminaire et formation, ou des touristes en vacances. Ce lieu se veut convivial, accueillant et chaleureux.
Bien qu'Emilie et Frédéric en parlent de façon naturelle comme si c'était très facile, un projet comme le leur est mûrement réfléchi. Il implique un investissement en argent conséquent grâce à de lourds emprunts. Cela nécessite également beaucoup de temps et de travail pour démarrer une telle activité avec ces critères responsables. Enfin, un changement aussi radical nécessite de se former. Emilie et Frédéric ont dû obtenir leur bac agricole pour pouvoir se lancer plus sereinement sur le projet et obtenir les aides financières au démarrage.
Tout ce travail en vaut la peine selon Emilie et Frédéric qui s'épanouissent pleinement dans ce projet.
- pour en savoir plus sur le projet d'Emilie et Frédéric, vous pouvez visiter leur site internet ou leur page facebook
- pour découvrir d'autres parcours de ceux ayant quitté les grandes villes, voici un article des Echos Start qui fait un retour sur la conférence "Paris je te quitte et je choisis la campagne" que nous avions proposée fin octobre à Paris
Pour aller plus loin
Nous partageons avec vous des anecdotes amusantes. Nous parions que vous allez épater vos collègues et amis !
- 8 cadres parisiens sur 10 sont prêts à quitter Paris pour une ville de taille moyenne (étude Cadreemploi)
- Le temps de trajet domicile-travail est de 44 minutes en Ile-de-France (étude BVA)
- A la question "dans l'idéal, si vous aviez le choix, où préféreriez-vous vivre ?", 45% des répondants affirment "à la campagne", 41% "dans une ville à taille moyenne" et seulement 13% dans une métropole. L'âge et le niveau de diplôme n'ont que peu d'incidence sur les résultats. (enquête Cevipof -Sciences Po- avec l'Association des Maires de France)
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